Au contraire d’autres titres, .hack n’aura pas marqué la PlayStation 2 ou la PlayStation 3. Pourtant la série développée par CyberConnect 2 a été l’une des premières, voire la première à marier de manière aussi poussée les liens entre jeu vidéo, roman, Manga et Anime, tout en abordant et exploitant des thèmes originaux, jusque-là jamais mis en scène. Aussi l’arrivée d’un remaster (avec un nouvel épisode) de .hack//G.U., la deuxième trilogie de la franchise, rappelle combien celle-ci a raté son public lors de sa sortie originale en Occident.
Vous reprendrez bien un peu de .hack ?!
.hack//G.U. Last Recode trailer
Dès son menu de démarrage, .hack//G.U. Last Recode propose de lancer un des trois épisodes PlayStation 2 au choix, et sans restriction: Rebirth, Reminisce ou Redemption. A cette trilogie s’ajoute Reconnection, un mini-épisode (d’une durée de six heures environ) exclusivement développé pour cette édition avec le moteur des précédents volets. Si vous débutez sur .hack//G.U., on vous conseille très vivement de commencer par Rebirth qui présente tous les éléments de gameplay lors d’un amusant tutoriel, tout en servant d’exposition pour le monde très particulier et complexe de .hack. En effet, en 2002 ou en même en 2007, date sortie de .hack//G.U. Last Recode, rien ne ressemble à .hack. Le light novel Sword Art Online n’ayant pas encore été couché sur le papier, et encore moins adapté en Manga ou jeu vidéo, .hack est alors le seul Action-RPG se déroulant dans une simulation de MMORPG, le seul titre à voir son scénario découpé en chapitres sortant à quelques mois d’intervalle (oui, de l’épisodique avant l’heure), voire le seul jeu à proposer un monde qui dépasse le simple cadre vidéoludique pour embrasser divers formats et médias. Bref, .hack brise la plupart des carcans et frontières de l’époque. Mieux, par son scénario, la franchise commente les mœurs des joueurs de MMORPG, les met en scène (avec les Player Killer qui symbolisent le PvP), ainsi que la plupart des conventions d’un genre qui n’a pas encore connu l’avènement de World of WarCraft. .hack//G.U., sa suite éditée en 2007 qui nous intéresse ici, remet le couvert en permettant au joueur de suivre le personnage de Haseo dans ses diverses incarnations, d’abord newbie (débutant) puis PKK (Player Killer Killer, soit tueur de tueur de joueur), alors que The World, le monde du MMO de .hack, part à vau-l’eau. On n’ira pas plus loin dans le dévoilement d’un scénario qui réserve de nombreuses surprises, ainsi qu’une des séquences d’intro les plus inventives que l’on ait vu depuis très longtemps. De fait, .hack//G.U. Last Recode excelle dans l’exploitation de son univers, parvenant à recréer une expérience de MMORPG au sein d’un JRPG.
Des bugs dans la matrice
En soi, et malgré un léger remaniement du gameplay, .hack//G.U. reste égal à lui-même : les cut-scenes sont toujours aussi inutilement longues et bavardes, une partie de l’intrigue se déroule dans de faux forums (intégrés dans le jeu) dans lesquels il est nécessaire de fouiller pour dénicher des informations, etc. Par ailleurs, d’une mission à l’autre, d’un jeu à l’autre, on subit beaucoup de recyclage d’éléments graphiques : personnages, décors, niveaux entiers et autres sont réutilisés pour mettre l’action en scène. Cependant, d’un pur point de vue technique, ce remaster .hack//G.U. « fait le job ». Modèles et animations sont certes toujours aussi simplistes, avec des déplacements très mécaniques, mais l’esthétique même du titre, ainsi que les affrontements et les cut-scenes très dynamiques font passer la pilule. Pour autant, et comparé à ce qui se fait de mieux dans le genre « remaster de JRPG » (Final Fantasy XII pour le nommer), les décors se révèlent aussi pauvres, vides, répétitifs que l'original. Même la ville qui sert de Hub aux personnages ne présente aujourd’hui pas assez de variations pour captiver l'attention. En fait, c’est le thème même de la série, de la franchise qui est, partiellement, responsable de cette répétitivité. Avoir la possibilité de se téléporter dans n'importe quel monde créé à partir de mots-clefs n'a sans doute pas aidé les développeurs à livrer des mondes plus travaillés. L’épisode de conclusion développé pour cette compilation n’échappe pas à ce constat, reprenant lui aussi cartes déjà visitées tout en livrant une fin digne de ce nom à la série.
Daté ?
Si la mise en scène des cut-scenes et cinématiques est au niveau de ce que l’on peut attendre aujourd’hui, avec quelques séquences épiques dès les premières heures, on sera un peu moins tolérant avec les systèmes de jeu, et plus particulièrement le système de combat. On appuie (ou maintient) sur le bouton croix pour frapper, appuie sur R1 pour une attaque spéciale (un mini-menu appraît alors), et quand la jauge de morale est remplie à fond (à force de dégâts infligés à l’ennemi), il est alors possible de lancer un combo avec les personnages de l’équipe. Simple, efficace, mais très rapidement redondant tant, simulation de MMORPG oblige, on accumule les affrontements. C’est peut-être ce qui a le moins bien vieilli dans .hack//G.U. Last Recode. En comparaison, un actuel Ys VIII: Lacrimosa of Dana ou un alors plus ancien Star Ocean: Till the End of Time qui se jouent presque de la même manière, avec une même récurrence des combats, instillent un véritable rythme dans chaque empoignade, avec un meilleur ressenti, et des possibilités d’interaction/combos entre personnages plus élevée. Même à sa sortie originale, .hack//G.U. Last Recode manquait d'un peu de punch dans cette section de jeu.
Insérez une pièce ?
Ce remaster vaut-il le coup ? Oui, et non. Si vous souhaitez découvrir un des A-RPG les plus originaux de la PS2, sans avoir à subir des textures floues, ou à avoir besoin de retrouver votre machine rangée dans le grenier de vos parents, alors oui, sans aucun doute. Longue d’une petite centaine d’heures, l’aventure prend souvent des détours inattendus, et les premières heures ne manquent pas de faire sourire par la multitude de clins d’œil ou de références aux habitudes des joueurs de MMORPG. Cependant, le remaster a beau être réussi (60 images/seconde constant, etc.), il ne peut améliorer des décors qui n’étaient déjà pas folichons, et il faudra subir des dédales ou espaces ouverts sans inspiration. Pour les fans, la question se pose beaucoup plus. En effet, les jeux en eux-mêmes sont quasi-identiques aux originaux dans leur maniabilité, leur ergonomie et leurs situations, et seul Reconnection apporte quelques éléments de réponse supplémentaires. Mais sa durée famélique est loin de rendre indispensable l’achat de cette compilation. Plus largement, les combats ont été légèrement remaniés et accélérés, et l’inventaire repensé, mais rien qui ne modifie en profondeur le jeu. C’est peu, même si les problèmes de latence lors des parades, bien présents sur PS2, ont ici disparu. En soit, les développeurs se sont efforcés de rendre la copie la plus propre de leur titre, en lissant tout ce qui pouvait déplaire en 2007, comme les menus d’inventaire. Et c’est plutôt réussi. Notons enfin que, pour ceux qui voudraient profiter de l’histoire, sans être inquiété par les affrontements, tous les épisodes proposent un mode Triche permettant de commencer l’aventure en étant déjà à haut niveau, l’inventaire rempli d’armes et de soins. Evidemment, les batailles se font alors encore plus répétitives et exaspérantes que dans la version « normale » du jeu. Certains trophées ne pourront par ailleurs pas être débloqués une fois ce mode lancé. Bref, si vous avez déjà terminé les trois premiers épisodes, et à moins d’avoir envie de vous refaire intégralement l’aventure, parce qu’elle le mérite, malgré quelques passages un peu mous-, ce remaster ne s’impose pas vraiment.
Points forts
- Le concept de la franchise
- Les attaques spéciales
- Les jeux sont intégralement sous-titrés en français
- Un remaster très propre de la franchise
- Un nouvel épisode final pour clore la série
Points faibles
- Des mécaniques un peu datées
- Les décors sont mornes, répétitifs, sans imagination.
- Des dialogues un peu longuets
Généreux, plutôt bien ficelé techniquement parlant et disposant d’une nouvelle fin, ce remaster ne manque pas d’attraits pour qui voudrait s’essayer à cette série originale, avec ses personnages bien campés, ses séquences magnifiquement mises en scène et ses rebondissements incessants. Cependant, le système de combat avoue quelques faiblesses, de même que les environnements, un poil répétitifs, et ce même si l’on prend en compte l’aspect « MMO » du titre. Enfin, il faudra accepter ce côté « daté », sec, abrupt, chaque empoignade rappelant combien le genre a évolué depuis la PlayStation 2. C’est donc pour l’histoire, on l’a dit, prenante, poignante, pleine de moments de bravoure et de questionnements, qu’il faut se lancer dans .hack//G.U. Last Recode. Et de ce côté, vous ne serez pas déçus.
Note de la rédaction
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